Tendance «Caveman»: Devrions-nous vraiment ne rien faire?

Discutons d'une tendance qui émerge dans les balados, les vidéos YouTube et le contenu minimaliste des influenceurs spécialisés dans les soins de la peau : la méthode « Caveman ». Cette méthode semble primitive, rebelle et «propre», mais de quoi s'agit-il exactement? Et surtout, est-ce pertinent dans le monde actuel?

Qu'est-ce que la méthode Caveman? Son nom veut tout dire : ne rien faire à votre peau. Pas de produits, pas de nettoyage, pas d'exfoliation, pas de crème solaire, pas de crème hydratante. Juste de l'eau, et parfois même pas cela. L'idée repose sur la conviction que les soins de la peau modernes « interfèrent » avec les processus naturels de la peau. Ses partisans affirment que si nous laissions simplement notre peau tranquille, elle s'autorégulerait, équilibrerait sa production de sébum, guérirait les éruptions cutanées et restaurerait naturellement sa barrière protectrice, tout comme elle le faisait « apparemment » pour nos ancêtres préhistoriques. Cette théorie repose sur le fait que les hommes des cavernes n'utilisaient pas de sérums et semblaient très bien s'en passer. Alors pourquoi devrions-nous en utiliser? C'est là que les choses deviennent un peu floues. Si la peau possède effectivement un mécanisme d'auto-réparation impressionnant et un microbiome complexe que les produits modernes peuvent perturber, il est également vrai que notre environnement a subi des changements radicaux depuis le Paléolithique.

Voyons ce que nous savons :

• Les hommes des cavernes ne vivaient pas dans des villes, leur peau n'était donc pas exposée à la pollution atmosphérique moderne, aux gaz d'échappement des voitures, à la fumée ou à la poussière des chantiers. Ils n'étaient pas non plus exposés aux mêmes niveaux de rayonnement UV que nous aujourd'hui, en raison de la destruction de la couche d'ozone et des changements environnementaux survenus au fil des ans. Le soleil sous lequel ils vivaient n'est pas le même que celui sous lequel nous vivons aujourd'hui.
• Ils n'étaient pas entourés d'air artificiel; il n'y avait pas de chauffage intérieur en hiver ni de climatisation en été. Notre peau s'adapte constamment à l'air sec et recyclé qui lui retire son hydratation.
• Ils ne passaient pas plus de 8 heures par jour devant des écrans. Pas d'éclairage fluorescent. Pas d'exposition à la lumière visible à haute énergie (lumière bleue) qui pourrait causer une pigmentation ou un stress oxydatif.
• Leur routine de soins de la peau ne comprenait pas de maquillage, d'écran solaire ou d'ingrédients synthétiques. Ils n'appliquaient pas non plus 6 à 10 produits, ce qui pouvait potentiellement endommager leur barrière cutanée, ni n'utilisaient quotidiennement des actifs agressifs.
• Ils n'avaient pas accès à des miroirs ni à des appareils photo; par conséquent, nous ne savons vraiment pas à quoi ressemblait leur peau. Il est possible qu’ils souffraient d'acné, de rosacée, d'eczéma ou de pigmentation, mais nous ne disposons d'aucun enregistrement visuel. Ce que nous avons, ce sont des ossements, pas des autoportraits.
• Ils ne dormaient pas sur des draps traités chimiquement et ne portaient pas de vêtements en tissus synthétiques qui retiennent la chaleur et les bactéries. Notre peau est constamment exposée à des éléments auxquels ils n'ont jamais été confrontés.
• Ils n'utilisaient pas de contraceptifs, d'antibiotiques, d'antidépresseurs ou d'hormonothérapie. Ces traitements sont courants aujourd'hui et peuvent exercer une influence significative sur l'équilibre cutané, la production de sébum et l'inflammation.
• Ils n'étaient pas confrontés aux facteurs de stress chroniques et de faible intensité auxquels nous sommes exposés aujourd'hui, tels que les délais serrés, les notifications numériques, les habitudes de sommeil irrégulières, la pression financière ou le travail posté. Bien qu'ils aient connu un véritable stress de survie, avec des épisodes de stress aigu, ils n'avaient pas à subir le bruit de fond permanent auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. Le stress chronique, tel que nous le connaissons aujourd'hui, peut interférer avec la réponse immunitaire de la peau, ralentir la cicatrisation et entraver la réparation de la barrière cutanée au fil du temps.
• Leur alimentation était non transformée et hyperlocale, composée d'aliments complets, de baies sauvages et de graisses animales. Ils ne consommaient ni sucre raffiné, ni hormones laitières, ni additifs artificiels, ni repas ultra-transformés. L'alimentation actuelle a une grande influence sur l'acné, la sensibilité et l'inflammation cutanée.
• Ils n'utilisaient pas de rétinoïdes, d'exfoliants chimiques ou de traitements contre l'acné, et n'avaient pas accès à des produits FPS, des sérums antioxydants ou des traitements médicaux pour réparer leur peau lorsque des problèmes apparaissaient.
• Ils ne traversaient pas la ménopause à 50 ans, ne vivaient pas jusqu'à 90 ans et ne s'inquiétaient pas de la perte de collagène et du vieillissement hormonal. La plupart ne vivaient pas au-delà de 35 ans. Leur peau n'avait pas à vieillir avec eux comme c'est le cas aujourd'hui.
• Et surtout, ils n'étaient pas confrontés aux attentes que nous avons aujourd'hui envers notre peau. Il n'y avait pas de filtres beauté, pas de culture de la comparaison, ni de pressions sociales avec des attentes irréalistes.

Votre peau possède son propre microbiome, son manteau acide et sa fonction barrière. Nous devons absolument les soutenir, et non les combattre. Cela ne signifie pas toutefois qu'il faille rester les bras croisés.

Voici ce que nous apprend la science :

• Un nettoyage à l'aide d'un produit doux au pH équilibré permet d’éliminer les toxines environnementales, la sueur, l'accumulation de sébum et les bactéries.
• L'hydratation aide à réparer la barrière cutanée et à minimiser la perte d'eau transépidermique, en particulier dans les climats rigoureux et après des interventions.
• L'écran solaire est essentiel. Les rayons UV sont en effet la principale cause du vieillissement prématuré, de la pigmentation et du cancer de la peau.
• L'exfoliation (effectuée à bon escient) aide à prévenir l'obstruction des pores et favorise le renouvellement de la peau.

La méthode « Caveman » fait fi de tout cela.

Beaucoup de personnes qui tentent de suivre cette tendance réagissent à l'utilisation excessive de produits, notamment de nettoyants, d'actifs et d'ingrédients sensibilisants. Elles ont endommagé leur barrière cutanée et doivent la réinitialiser. Certes, revenir à l'essentiel peut parfois aider, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il faut abandonner toute logique. Pensez-y comme en matière de nutrition : si vous avez abusé des aliments transformés, la solution n'est pas de ne plus rien manger. Il s'agit plutôt de revenir à des choix équilibrés et complets.

Le point de vue de BSE en 2025 (parce que nous ne vivons pas 25 000 avant J.-C.) : même si nous apprécions autant que tout le monde une bonne détoxification de la peau et que nous soutenons le minimalisme, la réparation de la barrière cutanée et le fait de laisser la peau respirer, ne romançons pas la vie des hommes des cavernes. Nous ne savons même pas à quoi ressemblait leur peau. Nous ne savons pas s'ils souffraient d'acné kystique, de rosacée ou de dermatite chronique. Et si c'était le cas, ils n'auraient pas eu d'autre choix que les remèdes naturels. Alors pourquoi les considérons-nous comme une référence absolue? Nous vivons dans un monde différent, avec des facteurs de stress, des niveaux de pollution et des espérances de vie qui nous sont propres. Votre peau a besoin d'un soutien adapté à votre vie, pas à la leur. Si la méthode « Caveman » vous tente, posez-vous la question suivante : êtes-vous intéressé parce que votre peau est surmenée? Ou recherchez-vous un idéal qui n'a jamais vraiment existé?

Nous sommes d'accord que votre peau n'a pas besoin d'une routine en 12 étapes, mais elle ne veut pas non plus être complètement négligée. Elle a besoin d'un soutien intelligent avec des ingrédients qui respectent votre barrière cutanée, agissent en harmonie avec votre biologie et s'alignent sur votre mode de vie, vos préoccupations et vos objectifs. Si vous vous sentez dépassé ou si votre peau est réactive, nous vous recommandons de consulter un expert en soins de la peau, tel qu'un esthéticien ou un professionnel de la santé. Faites analyser votre peau sans maquillage et à la loupe. Élaborez ensuite un plan adapté à votre âge, vos préoccupations, votre environnement, vos objectifs et votre budget.

La santé de la peau ne consiste pas à suivre les tendances. Il s'agit plutôt d'être à l'écoute et de prendre soin de soi, avec patience, précision et un peu de recul.

À la prochaine,

Beate von Huene